samedi 3 décembre 2011

Le Samouraï Bambou, de Matsumoto Taiyo et Eifuku Issei, volumes 1 à 3 (2009-2010)

L'histoire du Samouraï Bambou n'est pas très originale : dans le Japon de l'époque d'Edo, Soîchirô Senô, un ronin, samouraï sans maître, s'installe dans un quartier populaire. Bien que virtuose du sabre, il a renoncé à la violence et est devenu professeur. Il a même troqué son arme contre un sabre en bambou (c'est d'ailleurs la principale originalité de l'histoire, qui donne son titre à la série). Les anciens maîtres de son père cherchent à le tuer et envoyent un assassin à ses trousses. Je dois avouer que je ne suis pas réellement convaincu par le scénario de cette série : il manque de surprises et tire en longueur à mon goût.

Pourquoi donc en parlé-je aujourd'hui dans ce cas ? Parce qu'il est dessiné par Taiyo Matsumoto, auteur de Amer Béton, Ping Pong ou Number 5, ici au mieux de sa forme. Ce dessinateur exceptionnel a toujours privilégié l'expressivité plutôt que le réalisme académique. Cet expressionnisme a pu donner l'impression, parfois, d'un manque de fini, d'un laisser aller apparent, notamment dans Number 5. Ce n'est plus du tout le cas dans Le Samouraï Bambou, où le dessin de Taiyo Matsumoto trouve un équilibre somptueux. Les personnages sont encore moins réalistes que d'habitude, leurs traits sont déformés, leurs yeux se baladent même parfois hors de leur visage. Les perspectives, les angles de vue, les proportions se déforment allégrement, au service d'une plus grande expressivité, tout particulièrement dans les scènes de combat nocturnes ou les passages oniriques. Nous retrouvons également les mises en page éclatées chères à l'auteur, avec leurs lignes de force diagonales. Dans cette nouvelle série, Taiyo Matsumoto parvient à allier à cet expressionnisme un art de l'équilibre, entre réalisme et déformations, entre noir et blanc, entre saturation et grandes cases aérées, entre mouvement et repos, qui débouche sur des pages absolument somptueuses graphiquement. (En plus, Taiyo Matsumoto dessine magnifiquement les chats qui viennent commenter l'action, ce qui ne gâte rien.)

Bref, à défaut d'un récit palpitant, Taiyo Matsumoto nous offre dans Le Samouraï Bambou un vrai régal visuel.

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